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Saturday, December 15, 2012

Attaque masculiniste contre des féministes de l'Université de Toronto


Translated by fellow activist  Martin Dufresne. It is truly appreciated.  

La Canadian Association for Equality (CAFE) et l’un de ses rejetons dans le mouvement visant à créer des groupes de «sensibilisation aux enjeux masculins» sur les campus du pays sont arrivés à l’Université de Toronto avec grand fracas… et avec une campagne d’intimidation manifeste des personnes qui s’opposent à eux.

La CAFE, comme je l’ai déjà écrit assez longuement en octobre (http://sisyphe.org/spip.php?article4328), est le principal groupe à incarner au Canada le visage public et soi-disant moins extrême du mouvement des «droits des hommes» (aussi appelé masculinisme). Comme je l’ai indiqué dans l’article précédent, ils ont fait du recrutement sur les campus un axe majeur de leur stratégie globale.

Ils ont créé à cette fin un certain nombre d’associations étudiantes ou «clubs» de campus, dont un à l’Université de Toronto. Cette Men's Issues Awareness Association a organisé sur le campus un meeting public mettant en vedette Warren Farrell* le 16 novembre dernier.

Farrell est un apologiste des «droits des hommes» qui se targue d’avoir déjà été un «féministe» reconnu pour agir comme porte-parole intellectuel du mouvement masculiniste. Il est le porte-parole dont s’autorisent les masculinistes pour réciter des arguments du style Charles Murray et sa «Bell Curve», des arguments qui de toute évidence faussent et utilisent de façon abusive des statistiques et des références anecdotiques et historiques pour défendre des notions clairement spécieuses et anhistoriques pour nier l’existence du patriarcat, aussi bien par le passé qu’aujourd’hui.

Ce meeting a été contesté par un groupe d’activistes et de féministes de l’Université de Toronto et de féministes qui se sont objectés à Farrell et à la présence des masculinistes sur le campus. Il en a résulté une intervention du service de police de l’Université et de la police de Toronto pour démanteler la manifestation, lorsque les protestataires ont tenté d’empêcher l’accès à l’événement. Cette manifestation, qui n’a entraîné aucune poursuite pénale, a toutefois donné lieu à des accusations de brutalité policière. Elle a également conduit, en partie, à une déclaration faite par le Prévôt de l’U de T qui a prétendu, de façon assez hypocrite, que «la perturbation de cet événement par les protestataires constituait une menace pour la liberté d’expression». Bien que l’on puisse, évidemment, faire valoir que le fait de troubler des événements et la désobéissance civile sont également un élément fondamental de la liberté d’expression et de la lutte historique contre l’injustice, un fait que les administrations des universités semblent périodiquement ignorer, il faut en outre signaler que ce communiqué est émis par une administration universitaire dont la prétendue dévotion à la «liberté d’expression» est si grande que, pendant les manifestations contre le G20, elle a embauché un détective privé dont les signalements de «gens de l’extérieur de l’édifice de l’association étudiante portant une “tenue de Black Bloc”» a conduit à ce que l’on sait maintenant avoir été l’un des pires épisodes illégaux d’arrestation illégale de masse et de détention pendant tout le week-end du G20 (http://bit.ly/M3wxdQ).

Après cette action par des étudiantes et étudiants de l’U de T, un certain nombre d’activistes de la communauté universitaire m’ont décrit un autre incident survenu le 6 décembre, à l’occasion d’un rassemblement d’étudiant·e·s sur le campus en honneur à la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes et aux enfants; une date choisie parce que c’est l’anniversaire de cas le plus célèbre au Canada de violence misogyne et antiféministe, le massacre perpétré à l’École Polytechnique de Montréal. Alors que cet événement commémoratif tirait à sa fin, un masculiniste a agressivement réclamé d’être autorisé à faire une déclaration, alors qu’un autre a été vu photographiant les participant·e·s.

Dans les jours qui ont suivi ces affrontements, les choses ont bien empiré, d’une manière qui mérite d’être signalée et qui dément les prétentions frauduleuses de la CAFE et de son rejeton sur le campus torontois, lorsqu’ils disent vouloir seulement discuter de «questions de genre» et d’«équité» et que ils ne sont pas un groupe antiféministe ou misogyne.

Un site Web créé aux États-Unis, A Voice for Men (http://www.avoiceformen.com/), réputé pour ses attaques vitrioliques contre les féministes et pour son langage et sa rhétorique extrêmes, a commencé à cibler des femmes et des militant·e·s individuel·le·s dans la communauté de l’Université de Toronto au moyen de messages Internet épouvantablement agressifs pour les désigner individuellement à des fins de «correction».

Ces messages ont maintenant pris de l’ampleur pour inclure au moins quatre étudiantes et se trouvent tous sur leur page d’accueil. Ils comprennent des commentaires personnels désobligeants, des photographies de femmes en question, et des propos menaçants. Les responsables du site semblent y ajouter des militantes de l’U de T sur une base quasi quotidienne.

De plus, ils ont ajouté quelques-uns de ces noms de militantes sur le désolant site Web misogyne, http://register-her.com/. Ce site prétend se consacrer à la «dénonciation» de prétendues violeuses et de femmes accusées de s’être livrées à des accusations de viol qui se sont finalement révélées fausses. Le très petit nombre des prétendues délinquantes effectivement répertoriées sur ce site confirme simplement une fois de plus qu’il n’y a là aucun problème social d'ampleur significatif. En fait, les statistiques démontrent que 97% des délinquants sexuels sont des hommes, et un site équivalent qui énumérerait les noms d’hommes à avoir commis des viols en Amérique du Nord ou à avoir faussement déclaré qu'une femme mentait à propos d’un viol inclurait des millions de noms et serait incroyablement plus fourni. Le fait que ce site masculiniste sert actuellement surtout de véhicule pour accabler de mépris et d'humiliation les femmes qui sont ses adversaires démontre le caractère spécieux de ses allégations et son objectif réel.

La CAFE, dans un article ridiculement contradictoire et hypocrite (http://bit.ly/WePyl1), a tenté à la fois de se distancier du site A Voice for Men et de prétendre que les critiques de leurs écrits péchaient par «citation sélective». C’est une accusation risible compte tenu du fait que leur article établit lui-même un lien avec le site A Voice for Men et signale donc lui-même à ses membres et partisans les messages qui nomment et attaquent des militantes particulières.

Étant donné qu’un site comme A Voice for Men, basé aux États-Unis, relaie autant de détails et met à ce point l’accent sur des militantes féministes de l’U de T, il est assez difficile de croire que les responsables de ce site ne sont pas, à tout le moins, alimentés en information par les militants masculinistes de l’U de T. En outre, l’un des messages (http://bit.ly/Vx0pnZ) est cosigné par «Agent Mauve» et par «Paul Elam». Elam est un leader reconnu au sein de l’aile extrémiste et haineuse du mouvement d’extrême-droite masculiniste états-unien. Mais comme il vit à Houston, au Texas, il est clair que le véritable auteur de ce message doit être «Agent Mauve». On ne peut que souligner l’ironie du fait qu’une personne aussi dédié à «dévoiler» des personnes soit trop lâche pour donner sa véritable identité, évidemment pour éviter toutes conséquences juridiques ou personnelles au Canada.

La CAFE a de bonnes raisons de craindre d’être «citée sélectivement». Un examen même superficiel de la rhétorique et des assertions figurant sur ces sites Web révèle rapidement leur misogynie pure et simple.

A Voice for Men a très récemment publié des articles tels que «Marc Lepine is a feminist hero»(http://bit.ly/WaN1w3), «Manufacturing female victims, marginalizing vulnerable men» (http://bit.ly/TKMaj4), «Child abuse in the name of feminism» (http://bit.ly/U3laeN) et beaucoup, beaucoup d’autres. On n’a même pas besoin de passer aux commentaires ou aux forums de discussion de ses cites, ou à explorer «sélectivement» leurs archives, pour trouver des exemples clairs de la misogynie de ce site. Quand on le fait, on constate une amplification de leur vitriol et d’une propagande haineuse violente.

Quant aux forums de discussion de divers groupes masculinistes, des forums qu’ils pensent sans doute hors de vue, les choses sont bien pires, une question à laquelle que je reviendrai dans un article ultérieur.

N’importe qui peut consulter les forums de discussion d’A Voice for Men (http://forums.avoiceformen.com/) pour y vérifier une colère palpable et une haine envers les femmes et les féministes.

Pour ne citer qu’un autre exemple, il suffit de voir le forum suivant (http://bit.ly/12g2VFN) sur le site Web Men's Rights Online, au sujet de mon article d’octobre, pour avoir une idée de ce que sont les masculinistes quand ils croient que personne ne les regarde (et soyez averti·e·s que l’imagerie et le contenu de cette page sont extrêmement choquants). L’ironie est qu’ils sont encore beaucoup plus violents lorsqu’ils parlent de leurs adversaires féminines. Et c’est loin d’être le pire de leurs forums de commentaires.

Comme la CAFE non seulement ne renie pas ces sites, mais établit des liens vers A Voice for Men et d’autres, ils ne peuvent honnêtement prétendre ne pas les approuver.

Le prévôt de l’Université de Toronto déclare : «Nous allons continuer à surveiller et à étudier cette situation. Il est important que tous les membres de notre communauté puissent exprimer leurs opinions d’une manière civile et respectueuse, sans crainte, quelle que soit la position qu’ils prennent sur cette ligne de division ou une autre.» Mais cette réaction est malavisée.

Comme tant d’autres déclarations libérales, apparemment soucieuses de «liberté d’expression», elle accorde un poids égal aux deux camps, comme s’il s’agissait d’un «débat». Ce faisant, la déclaration a pour effet de légitimer le mouvement masculiniste, de la même manière que les médias américains accordent une légitimité aux tenants du créationnisme quand ils leur accordent du temps d’antenne.

Le mouvement des «droits des hommes» est un mouvement haineux organisé, décidé et croissant qui constitue un ressac explicite et d’orientation violente contre les femmes et le féminisme. Il n’est comparable d’aucune manière au mouvement féministe et ne peut aucunement lui être opposé comme contre-argument légitime dans un environnement universitaire. C’est une réalité à laquelle doivent s’éveiller le corps enseignant, l’administration et le personnel de nos universités avant qu’il ne soit trop tard.

Mise à jour (14/12/12): Dans les heures qui ont suivi la première publication de cet article, l’un des articles liés ci-dessus, a été modifié par A Voice for Men, qui ont également supprimé le nom de Paul Elam comme son co-auteur, avec «Agent Mauve ». On trouvera ici (http://mlaxer.blogspot.ca/2012/12/paul-elam-and-agent-mauve.html) une capture d’écran permettant de vérifier que cet article avait bel et bien été présenté sous leurs deux plumes.

Version originale de cet article : «The Men’s Rights Movement, CAFE and the University of Totonto», http://rabble.ca/blogs/bloggers/michael-laxer/2012/12/mens-rights-movement-cafe-university-toronto

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